PFAS - Polluants éternels, qu’est ce que c’est ?

En 2015, 200 scientifiques ont appelé à limiter la production et l’utilisation de PFAS (prononcer “pifasse”) au niveau mondial (Déclaration de Madridalertant sur l’urgente nécessité pour la communauté internationale de coopérer pour limiter la production et l’utilisation de PFAS, 1er mai 2015, traduction en français).

Aujourd’hui, les niveaux de concentration des substances PFAS dans les eaux de pluie, de surface ou souterraines aux quatre coins du globe sont tels « [qu’une] nouvelle limite a été dépassée », selon une étude publiée en août 2022 (Outside the Safe Operating Space of a New Planetary Boundary for Per- and Polyfluoroalkyl Substances (PFAS), Environmental Science & Technology, 2 août 2022)

Origine des PFAS

Les PFAS, à savoir les composés per- et poly-fluoroalkylés (Per and PolyFluorinated Alkyl Substances en anglais) constituent une famille chimique complexe regroupant plusieurs milliers de composés distincts.

Antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs, les substances PFAS sont largement utilisées depuis les années 1950 dans divers domaines industriels et produits de consommation courante :
• emballages alimentaires, notamment pour les hamburgers, kebabs et pizzas ;
• textiles, notamment la technologie Gore-Tex ;
• revêtements antiadhésifs, dont le Téflon ;
• cosmétiques ;
• dispositifs médicaux, comme les prothèses de hanches ;
• mousses anti-incendie ;
• produits phytosanitaires, etc.

Produits contenant des PFAS

Dans les eaux de surface françaises, des PFAS n’ont été détectés « que » dans 36% des échantillons analysés (Etat des lieux de la présence de PFAS dans les eaux de surface en France, Générations futures, 12 janvier 2023).

Leur présence est pourtant probablement largement sous-estimée en raison de la grande hétérogénéité des méthodes d’analyse employées et des substances recherchées.

Pourquoi parle-t-on de « polluants éternels » ?

La caractéristique commune des substances PFAS est d’avoir une chaîne carbonée comportant au moins un atome de carbone lié à 3 ou 2 atomes de Fluor.
Il en existe deux types :
les PFAS à chaîne longue qui contiennent de 6 à 12 atomes de carbone (PFAS à longue chaîne carbonée) ;
les PFAS à chaîne courte qui contiennent moins de 8 atomes de carbone. Le seuil pour distinguer entre chaînes longues et courtes est fixé entre 6 et 8 atomes de carbone selon les composés.

En raison de la très grande stabilité de la liaison carbone-fluor, qui est l’une des plus fortes de la chimie organique, les PFAS ne se dégradent pas après utilisation ou rejet dans l’environnement.

Surnommées « forever chemicals », ou polluants éternels, ce sont les substances d’origine anthropique les plus persistantes connues à ce jour. Elles peuvent rester dans l’environnement pendant des décennies, voire des siècles.

L’utilisation variée de ces composés chimiques, combinée à leur caractère très persistant, entraînent une contamination de tous les milieux : l’eau, l’air, les sols et les sédiments.

Or, d’importantes quantités de PFAS sont relâchés dans l’environnement à l’occasion de :
• la production de PFAS ;
• la fabrication de produits faisant intervenir des PFAS ;
• l’utilisation de ces produits ;
• la gestion des déchets contenant des PFAS.

Les PFAS à chaîne longue se fixent et s’accumulent dans les sols, les sédiments et les organismes vivants. C’est ce que l’on appelle la bioaccumulation. Cela entraîne un risque élevé de contamination des aliments, en particulier ceux provenant de la mer.

Au cours des dernières décennies, les PFAS à chaîne longue ont été substitués en partie par des PFAS à chaîne courte, plus solubles dans l’eau et plus mobiles : des traces ont été détectées jusque dans les océans Arctique et Antarctique. Ces derniers restent persistants et peuvent présenter un niveau équivalent de préoccupation.

Quel est l’impact sur la santé des PFAS ?

L’exposition à un certain nombre de PFAS a été associée à de multiples effets néfastes sur la santé humaine. En effet, les études épidémiologiques montrent l’existence d’associations significatives ou suggestives entre les PFAS et des effets :
✔️ cancérogènes, notamment des cancers du testicule et des reins ;
✔️ néfastes sur les systèmes reproductif et hormonal (certains sont des perturbateurs endocriniens) ainsi que sur le système immunitaire :
• diminution de la réponse immunitaire aux vaccins ;
• dysfonctionnements du foie ;
• baisse des niveaux hormonaux ;
• faible poids et petite taille de naissance ;
• obésité ;
• retard de la puberté ;
• hyperthyroïdie ;
• cholestérol élevé ;
• colite ulcéreuse.

Il s’agit généralement de risques chroniques, c’est-à-dire liés à une exposition répétée et à long terme.

Effets des PFAS sur la santé (source : Libération) - cliquez pour agrandir

Aujourd’hui : quelle réglementation s’applique ?

La réglementation relative aux PFAS, actuellement parcellaire et lacunaire, peut être structurée en deux axes :
la réduction à la source des PFAS par des mesures de restriction ou d’interdiction ;
la surveillance de la présence, de l’exposition et des effets des PFAS sur la santé et l’environnement.

Au niveau international, les deux principaux, le PFOA et le PFOS, ainsi que leurs dérivés, font l’objet d’interdiction ou de restriction (Nouveaux polluants organiques persistants listés en annexe de la Convention de Stockholm)

A l’échelle de l’Union européenne, la réglementation actuellement applicable peut se résumer ainsi :
• trois PFAS figurent dans la liste des substances extrêmement préoccupantes. Les importateurs, producteurs et fournisseurs d’articles contenant ces PFAS sont soumis à des obligations d’information et de notification ;
• des teneurs maximales en PFAS ont été fixées pour certaines denrées alimentaires d’origine animale (Règlement (UE) 2022/2388 du 7 décembre 2022)  ;
• le PFOS fait l’objet d’une surveillance dans les eaux de surface (Directive 2013/39/UE du 12 août 2013) ;
• la limite de qualité pour les PFAS dans les eaux destinées à la consommation humaine fixée à 0,1 µg/L doit être respectée au plus tard le 12 janvier 2026. En attendant l’élaboration de méthodes permettant d’analyser la totalité des PFAS, l’indicateur utilisé est la somme de 20 PFAS.

En France, s’ajoutent les réglementations suivantes au titre du droit des ICPE et du droit de l’eau :
=> le PFOS fait l’objet d’une limite valeur d’émission pour les rejets des installations classées dans le milieu naturel (Valeurs limites d’émission du PFOS : Arrêté du 2 février 1998 modifié) ;
=> le PFOS et le PFOA font l’objet d’une surveillance trimestrielle dans les effluents de certaines installations de traitement de déchets (Surveillance du PFOA et du PFOS dans les effluents de certaines installations de traitement de déchets : Arrêté du 17 décembre 2019) ;
=> certains PFAS font l’objet d’une surveillance dans le cadre de l’évaluation de l’état des masses d’eau (Surveillance de certains PFAS dans les milieux aquatiques : Arrêté du 25 janvier 2010 modifié par l’arrêté du 26 avril 2022). La surveillance des PFAS dans les eaux souterraines fait l’objet de l’article…..

La réglementation relative au PFAS est en voie d’évolution, tant en Europe qu’en France.

Quelques liens pour aller plus loin :

Publié : juillet 2023

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