Qu’est-ce que le biseau salé ?

Le phénomène de biseau salé/rentrant salé, pour les captages et forages d’eau souterraine en bordure littorale, peut entraîner une salinisation excessive des eaux prélevées pouvant les rendre impropres à la consommation. Les conséquences peuvent, dans certains cas être irrémédiables et conduire à l’abandon du point de prélèvement.

Influence d’un pompage sur le biseau salé (Frissant et al., 2009)

L’établissement de carte de sensibilité des nappes côtières et des captages à ce phénomène ainsi que la rédaction de « guides de conduite » peut aider à mieux prévenir, anticiper et gérer ces problèmes.

La mauvaise réalisation d’un forage, ou la mauvaise gestion de l’eau souterraine en bordure du littoral et des rivières où l’eau salée est susceptible de remonter (rias ou abers), peuvent provoquer une pollution de la nappe d’eau douce par remontée de l’eau salée. Cette pollution, quand elle est établie, est pratiquement irréversible. Toute la zone aquifère localisée autour du forage mal implanté, trop profond et/ou surexploité est touchée et provoque la pollution de tous les ouvrages du secteur (l’étendue de la pollution est proportionnelle au rabattement provoqué par le pompage).
De plus, quand la nappe se situe près du niveau du sol, la concentration de sels dans les terrains superficiels peut conduire une limitation des usages dans tout le secteur.

Une introduction d’eau salée pollue définitivement le forage et la ressource environnante.

En effet, sur le littoral, le niveau de référence hydraulique est le « zéro maritime ». L’eau salée de la mer est plus dense que l’eau douce de ce fait en bordure de mer et le long des rias l’eau douce flotte sur l’eau salée et la limite entre les deux milieux (interface) prend un profil en biseau («  le biseau salé »). L’eau salée pénètre sous le continent sur une distance variable d’un secteur à l’autre et peut dépasser le kilomètre.

Biseau salé (source : plaquette Biseau salé - Bretagne)

Recommandations importantes :

Lors de la réalisation d’un forage, il ne faut jamais traverser ce biseau salé car cela provoque la remontée de l’eau salée dans l’eau douce et une pollution à long terme de celle-ci.

En bordure de mer et le long des rivières où remonte la mer, il ne faut pas descendre le niveau de la nappe sous le niveau de la mer (zéro NGF) pour éviter tout risque d’invasion saline (la pompe doit être installée au-dessus du zéro NGF pour limiter les risques).

Exemples d’implantation de forages en bordure de mer Biseau salé (source : plaquette Biseau salé - Bretagne)

La conductivité de l’eau (capacité à laisser passer le courant électrique), caractérisée par les teneurs en minéraux dissous dans l’eau, peut être mesurée grâce à un appareil simple d’emploi, petit et robuste : le conductimètre. En mesurant, en continu, la conductivité de l’eau qui sort du forage au cours de son exécution, on peut observer toute augmentation de celle-ci. En bordure de mer, la valeur d’alerte de la conductivité est de 500 µS/cm. A 800 µS/cm, il faut absolument arrêter la foration car cela signifie que le forage traverse la zone de transition entre l’eau douce et l’eau salée (biseau salé).

Attention : cette mesure de conductivité en foration ne garantit pas toute remontée du biseau salé lors des pompages ultérieurs.

L’existence du biseau salé restreint singulièrement les possibilités d’exploitation des forages car les prélèvements d’eau doivent rester dans la lentille d’eau douce or, un rabattement de 1 mètre dans l’eau douce provoque la remontée du biseau salé de 40 mètres, du fait de la différence de densité entre les deux milieux.

Références :

Publié : juillet 2023

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