Qu’est-ce qu’une eau potable ?
Une eau potable est une eau que l’on peut boire tous les jours sans risque pour la santé. Pour être considérée comme potable, l’eau doit respecter des normes très strictes, qui sont les mêmes pour l’eau du robinet que pour l’eau en bouteille. Ces normes concernent plusieurs familles de paramètres :
- Des paramètres physico-chimiques : ils délimitent les quantités maximales à ne pas dépasser pour certains composants comme les chlorures, le potassium et les sulfates ;
- Des paramètres chimiques : des normes très strictes sont établies pour limiter la présence de composés chimiques considérés comme toxiques ou indésirables comme les pesticides, les nitrates, les métaux lourds ou les hydrocarbures ;
- Des paramètres microbiologiques : l’eau ne doit contenir aucun micro-organisme pathogène (bactéries, virus, etc.) susceptible de provoquer des maladies chez les consommateurs. A noter en revanche que contrairement à certaines idées reçues, l’eau potable n’est pas stérile.
Les étapes, de l’eau brute à l’eau potable
L’eau brute, en fonction de l’endroit où elle est captée, doit subir un ensemble de traitements plus ou moins complexes avant d’être distribuée. On dit alors qu’elle est « propre à la consommation humaine ».
Chaque année en France, 15 300 usines d’eau potable produiraient environ 6 milliards de m3 d’eau (source : SOeS-SSP 2008).
Les étapes classiques du traitement, généralement automatisées par commande informatique, sont :
- le dégrillage : l’eau brute passe à travers des grilles pour arrêter les corps flottants et les gros déchets ;
- le tamisage : il s’agit d’un filtrage plus fin à travers des tamis destinés à arrêter les déchets plus petits comme des grains de sable ou du plancton ;
- la floculation et la décantation : l’ajout d’un produit coagulant dans l’eau permet d’agréger les matières en suspension. Du fait de leur poids, ces floculats ainsi formés tombent au fond d’un bassin de décantation ;
- la filtration : elle permet l’élimination des dernières particules en suspension, souvent invisibles. Elle se fait au travers de matériaux classiques, comme des colonnes de sable, ou absorbants, comme du charbon actif (parfois au travers de membranes de micro, voire nanofiltration) ;
- les traitements spécifiques : ils permettent en fonction des eaux, d’améliorer les paramètres chimiques (acidité, dureté, teneur en fer…) ou les qualités organoleptiques de l’eau (saveur, odeur, limpidité) ;
- la désinfection et/ou la chloration : c’est une étape essentielle permettant de neutraliser les virus et les bactéries pathogènes ; on peut injecter de l’ozone gazeux ou utiliser des ultraviolets. Pour préserver la qualité de l’eau tout au long de son parcours dans les canalisations avant d’arriver au robinet, une infime quantité de chlore est également ajoutée dans l’eau.
Comment la qualité de l’eau est-elle contrôlée ?
Des contrôles permanents
En France, l’eau du robinet est l’aliment le plus contrôlé, avec plus de 300 000 prélèvements et 18 millions d’analyses réalisés chaque année sur les réseaux de distribution du territoire (DGS, 2018). Ces contrôles sont exercés par les collectivités territoriales ou les sociétés déléguées responsables de la production de l’eau potable, ainsi que par les Agences Régionales de Santé (ARS). Ils portent sur l’ensemble du système de distribution : points de captage, usines de production d’eau potable, réservoirs, réseaux de distribution et robinets des consommateurs.
La fréquence des prélèvements, la typologie des contrôles et les paramètres analysés sont fixés réglementairement. Ils dépendent notamment de la vulnérabilité de la ressource en eau, des quantités prélevées et de l’importance de la population desservie.
Les résultats de ces analyses sont publics. Ils sont disponibles commune par commune sur le site du ministère de la Santé et sur ADES. Ils sont aussi envoyés à tous les usagers avec la facture d’eau au moins une fois par an.
- controle eau potable
Deux types d’exigences de qualité
Les exigences de qualité auxquelles doivent satisfaire les résultats d’analyses de l’eau sont précisées dans le Code de la santé publique, en application de la Directive européenne 98/83/CE relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (Directive « Eau potable »).
Comme vous pouvez le voir dans l’exemple du bulletin d’analyses de l’eau ci-après, la réglementation distingue deux types d’exigences de qualité :
- Les limites de qualité (LQ), qui s’appliquent aux paramètres pouvant présenter des risques sanitaires à court terme (ex. : micro-organismes pathogènes) ou à long terme (ex. : pesticides, nitrates, certains sous-produits issus de la désinfection). Pour que l’eau soit considérée comme « conforme », ces limites ne doivent pas être dépassées. Par exemple, la concentration en nitrates ne doit pas dépasser 50 mg par litre d’eau.
- Les références de qualité (RQ), qui s’appliquent aux paramètres dits « de confort » (qualifiant les caractères organoleptiques de l’eau distribuée au robinet) ou « indicateurs » (pouvant témoigner de dysfonctionnements des installations de traitement des eaux). Une eau dont une référence de qualité est dépassée peut néanmoins être qualifiée de « conforme » : c’est le cas par exemple d’une eau de température supérieure à 25°C.
A noter qu’aucune limite ou référence de qualité n’est fixée pour la dureté de l’eau, un indicateur de la minéralisation qui correspond à la teneur en calcium et magnésium.
- Bulletin d’analyses de l’eau de la commune de Grenoble du 5 avril 2023 – Crédit : Sante.gouv.fr
Quels sont les critères de potabilité ?
Que se passe-t-il en cas de dépassements des limites de qualité ?
Des contaminations accidentelles ou chroniques de la zone de captage et des dysfonctionnements de l’usine de production peuvent conduire à des dépassements ponctuels des limites de qualité définies par la réglementation.
La gestion de ces situations de non-respect des exigences de qualité des eaux distribuées au robinet est très encadrée. Elle repose sur l’appréciation, en particulier par l’Agence régionale de santé (ARS), de la situation et des risques encourus par la population. En cas de risque pour la santé, le responsable en liaison avec l’Agence Régionale de Santé (ARS) diffuse des recommandations d’usage à la population, en particulier aux groupes de population les plus sensibles (nourrissons, femmes enceintes, etc.). La mesure ultime est d’interrompre temporairement l’alimentation en eau potable de la population.
En l’absence de consignes particulières du responsable de la distribution, du maire ou de l’ARS (ou éventuellement du médecin pour les nourrissons), l’eau du robinet peut être consommée sans craintes en tous points du territoire français.
… même si elle contient des traces de polluants
Pesticides, produits d’entretien, cosmétiques, médicaments, carburants, plastiques… Tous ces produits utilisés au quotidien contiennent un grand nombre de molécules chimiques synthétiques ou naturelles. Au stade de leur production mais surtout lors de leurs usages, une fraction de ces molécules est rejetée dans l’environnement (air, eau et sol) et converge au final en grande partie vers les milieux aquatiques. Or, certaines d’entre elles peuvent avoir des effets négatifs sur les êtres vivants, même à des concentrations infimes, de l’ordre du microgramme ou du nanogramme par litre : on parle de micropolluants.
Des traces de ces micropolluants sont retrouvées dans l’ensemble des milieux aquatiques, et, par voie de conséquence, dans l’eau du robinet. Cette dernière, au même titre que les autres aliments (fruits et légumes, viande, poisson, etc.) et l’eau en bouteille (dans laquelle des traces de pesticides ont également été détectées, ainsi que des particules de plastiques) représente donc une voie d’exposition aux substances chimiques présentes dans l’environnement.